Ce matin, le 9e arrondissement de Paris s’est réveillé endeuillé, après la perte d’un de ses plus illustres habitants : Johnny Hallyday, qui a passé son enfance au cœur de l’arrondissement, une période qui fut déterminante dans l’ascension de « l’idole des jeunes ».

C’est à la clinique Marie-Louise, 3 cité Malesherbes, en haut de la rue des Martyrs que nait, le 15 juin 1943, Jean-Philippe Smet.

Les premiers mois de sa vie, il les passa au 23 rue Clauzel avec ses parents, Léon Smet et Huguette Clerc, mariés quelques mois plus tard à la Mairie du 9e. Mais très jeune son père l’abandonna soudainement, raison pour laquelle il fut confié à sa tante, Hélène Mar, qui habitait 13 rue de la Tour des Dames, dans le 9e toujours, du côté du quartier Blanche-Trinité. L’artiste déclara par la suite que sa tante lui avait « sauvé la vie »* : à ses côtés, il apprit à lire et à écrire, sans jamais aller à l’école.

Parmi lesquelles celle de son plus ancien ami, Eddy Mitchell : « J’ai enfin connu les bandes de potes. […] C’était la période de « la bande de la Trinité ». On était des petits blousons noirs, pas méchants. On se baladait pour rencontrer d’autres bandes et se battre. […] On parlait sur les bancs, on rêvait de filles, de cinéma. On aimait chourer des disques. J’étais le spécialiste pour piquer des vinyles. Avec Eddy on s’est battu comme des fous parce que je lui avais piqué des vinyles à une surprise-partie. Une bonne bagarre, ça crée des liens »*. Les deux adolescents écoutent des disques américains pendant des heures. « On fredonnait des chansons. […] Comment s’imaginer que les deux ados que nous étions, un jour, deviendraient Johnny Hallyday et Eddy Mitchell aux yeux des gens ? »* Il croisa également le chemin de Jacques Dutronc, qui habitait à 200 mètres de chez lui, rue de Provence, et qui, tout comme lui, trainait au square de la Trinité. La musique les a immédiatement liés, jusqu’à jouer ensemble dans une cave de la rue de Clichy.

À l’âge de 14 ans, au dancing du Moulin-Rouge, ils formèrent leur premier duo, à cette époque le jeune Jean-Philippe rêve de devenir acteur et chante pour se payer des cours de comédie. Il est un habitué des cinémas de quartier et notamment de l’Atomic Pigalle, 10 place Clichy. « Je payais un franc trente et je restais de quatorze heures à minuit. Je voyais tout. Mon premier choc cinématographique, ça a été Sur les quais avec Brando. »*

Plus tard, après avoir adopté officiellement un nom de scène, le jeune chanteur obtint un diplôme de rock’n’roll lors de sa première prestation au Golf Drouot, à l’angle du boulevard Drouot et du boulevard des Italiens.

C’est toujours dans le neuvième que Johnny connaît son premier triomphe : l’Olympia, boulevard des Capucines, en 1961. Johnny a 18 ans. « Je me revois sous la pluie, gamin qui courait, libre, insouciant, effrayé. »* L’enfant du 9e était alors chez lui, dans son arrondissement, pour la première des 266 représentations qu’il donna dans le plus ancien music-hall de Paris.

En juin 2013, entouré de ses proches et amis il avait soufflé ses 70 bougies au théâtre de Paris, rue Blanche.

Aujourd’hui, le 6 décembre 2017, c’est non seulement un géant de la scène française, un artiste irremplaçable, un chanteur légendaire qui nous quitte, mais également un enfant du quartier auquel les habitants du 9e étaient particulièrement attachés. Le 9e, où sa carrière phénoménale a commencé.

Delphine Bürkli, Maire du 9e, adresse à sa femme, ses enfants et ses amis, toutes ses pensées émues, et déjà nostalgiques. Au nom de l’ensemble des habitants de l’arrondissement, un hommage à cet « enfant du 9e » sera rendu au printemps prochain.

*Ouvrage « Dans mes yeux » d’Amanda Sthers