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DISCOURS DE DELPHINE BÜRKLI - REMISE DE LA MÉDAILLE DES JUSTES PARMI LES NATIONS À CLAUDINE ET JULES CHARTON, AINSI QU’À ANDRÉ ET PAULINE GAILLARD

Mise à jour le 13/02/2018
DISCOURS DE DELPHINE BÜRKLI - REMISE DE LA MÉDAILLE DES JUSTES PARMI LES NATIONS À CLAUDINE ET JULES CHARTON, AINSI QU’À ANDRÉ ET PAULINE GAILLARD - MARDI 12 FÉVRIER A LA MAIRIE DU 9e
"Mesdames les déléguées du comité français pour Yad Vashem, Chère Viviane Saül, Chère Michèle Habif,
Monsieur le représentant de l’Etat d’Israël, Monsieur Ido Bromberg ,
Monsieur le Premier Adjoint, Cher Alexis Govciyan,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec émotion que je vous accueille aujourd’hui à la Mairie du 9e, pour honorer la mémoire de ceux qui vont être décorés aujourd’hui, à titre posthume, de la médaille et du diplôme remis aux Justes Parmi les Nations.
Les accueillir parmi les Justes de France, c’est reconnaitre officiellement qu’ils furent de ceux qui se sont opposés au régime de Vichy, souvent au risque de leur vie. Qu’ils furent de ceux qui, durant l’Occupation allemande, ont aidé des juifs à se cacher afin d’empêcher leur déportation vers les camps de la mort, et contribué ainsi à sauver les trois quarts des 330 000 juifs de France alors que les trois quarts des Juifs d’Europe ont péri.
Madame Simone Veil, à qui je souhaite rendre un très grand hommage aujourd’hui, tant pour son courage que son abnégation, disait des Justes « Ils ont non seulement sauvé des vies humaines, mais ils ont également incarné l’honneur de l’humanité, qui, grâce à eux, n’a pas totalement sombré à Auschwitz. En ayant eu le courage de suivre leur conscience, plutôt que les ordres de leur hiérarchie, ils nous rappellent que l’Histoire est constituée d’une longue chaine de responsabilité individuelles et collectives, et que chacun de nous est un maillon précieux qui fait que l’Histoire chavire ou au contraire avance. Les Justes ont été des lumières dans la nuit de la Shoah ». Ces mots de Madame Veil résonnent pour moi comme un cri de reconnaissance et d’espérance.
Si la responsabilité écrasante du régime de Vichy dans la décision de déporter les juifs, et notamment ses enfants avec leurs parents alors que les autorités allemandes ne le demandaient même pas, est aujourd’hui avérée, il nous faut également saluer ces français qui furent prêt à donner leur vie pour sauver celle des autres.
Des hommes et des femmes issus de toutes les régions de France, de tous les milieux, des médecins, des infirmières, des enseignants, des fonctionnaires, des policiers, des prêtres et des pasteurs, des commerçants des fermiers, des ouvriers … les Justes étaient partout, prêts à sauver des enfants, des voisins, des amis d’amis et en réalité, la plupart du temps, des inconnus. Ce qu’ils avaient en commun ? Cette volonté de s’élever contre le silence qui s’était abattu sur toute l’Europe. Ils étaient les héritiers du pays des Lumières, du pays des droits de l’Homme.
Au beau milieu des ténèbres, ils furent la lumière. Ils étaient des milliers de françaises et de français, qui, sans s’interroger, furent le choix du bien. Aujourd’hui, à travers cette remise de médaille pour honorer André Georges Gaillard et son épouse Pauline Marteaux, mais aussi Jules Charton et Claudine Charton, nous honorons tous les Justes de France, reconnus ou anonymes. Sur la médaille des Justes, on peut lire « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ». En sauvant une personne, chaque juste a en quelque sorte sauvé l’humanité. Ils l’ont en partie sauvée grâce au message qu’ils laissent aux générations futures. L’affirmation dans les faits que les valeurs ne sont pas des principes désincarnés, mais qu’elles s’imposent quand une situation concrète se présente et que l’on sait ouvrir les yeux.
Notre devoir, à toutes et à tous aujourd’hui est de transmettre leur message, transmettre le message des derniers témoins survivants de cette période qui restera une cicatrice indélébile de l’histoire de l’Humanité. Madame Ginette Kolinka, rescapée des camps de la mort, que j’ai eu l’honneur d’accompagner la semaine dernière à Auschwitz Birkenau, nous rappelait justement que c’était la haine, et la haine seule, qui avait conduit ces hommes à commettre les pires atrocités barbares, à commettre l’indicible. Face aux falsificateurs, aux révisionnistes, aux négationnistes, il faut entendre cette parole et devenir à notre tour les témoins des derniers témoins survivants. C’est une nécessité absolue et qu’il convient de toujours rappeler car c’est cette même haine qui a conduit au martyr d’Ilan Halimi, assassiné sauvagement il y a 12 ans, jour pour jour. Une nécessité absolue, pour espérer un avenir meilleur, de mettre des mots sur des situations intolérables, là où ça fait mal dans ce pays que nous chérissons et où malheureusement l’antisémitisme, le racisme et toutes les formes de discrimination restent, il faut bien le dire, présents dans notre société.
Souvenons-nous alors de ces Justes des Nations qui ont perdu leur vie pour défendre les valeurs de la République, essentielles au respect de tous les citoyens et comme eux, soyons parfaitement intransigeant avec l’extrémisme quel qu’il soit. Les Justes ont sauvé le peu d’espoir qu’il restait à l’humanité dans les heures sombres de son histoire, soyons dignes de ces personnes exceptionnelles et que l’espérance qui a guidé leur existence nous porte toutes et tous à être des hommes et des femmes meilleurs. "

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